Le 6 octobre 2021 est la Journée Nationale des Aidants. Elle donne lieu à de nombreuses manifestations pour mettre en valeur la fonction d’aidant et leur apporter soutien et information. Le proche aidant est toute personne non professionnelle qui accompagne de manière régulière et fréquente un proche, malade, en situation de handicap ou de dépendance du fait de l’âge. On estime que 8 à 10 millions de personnes en France aident régulièrement un ou plusieurs de leurs proches, qu’ils soient conjoint, enfant ou parent de la personne aidée et qu’il cohabite ou non avec elle. L’aide porte sur les activités quotidiennes, une aide matérielle, financière, ou administrative ou un soutien psychologique et moral.
La loi d’adaptation de la société au vieillissement de 2015 a juste donné une existence juridique aux « proches aidants ». Plus récemment le gouvernement a engagé une stratégie nationale « Agir pour les aidants 2020-2022 », comportant 6 priorités, dont les mesures seront mises en place dans un proche avenir : rompre l’isolement, promouvoir l’indemnisation du congé proche aidant, concilier vie professionnelle et vie privée, développer les plateformes de répit, prendre en compte la santé des aidants et épauler les jeunes aidants.
On devient proche aidant parfois malgré soi, sans y avoir été préparé. Très souvent les aidants ne se reconnaissent pas comme tels, considérant comme naturel leur engagement auprès de leur proche. Cet engagement va être croissant lorsque la situation est évolutive, comme dans les maladies neuro-évolutives (exemple la maladie d’Alzheimer).
De fait, il arrive que les aidants n’ont pas toutes les informations utiles et ne cherchent pas d’aide. Ils peuvent passer à côté des dispositifs d’aide existants comme les formules de répit, qui offrent des temps de soulagement indispensables. Leur engagement parfois ne connaît pas de limite, retentit sur leur qualité de vie et peut mettre leur propre santé en danger.
En effet, les proches aidants se disent souvent fatigués, anxieux, déprimés et se plaignent de troubles du sommeil. Ils consomment plus de psychotropes (notamment des somnifères) et parfois trop d’alcool. Il arrive qu’ils renoncent à des soins, faute de temps pour s’occuper d’eux-mêmes. Leur risque de maladie cardio-vasculaire et de cancer est majoré. Quand il s’agit des conjoints, ils ont tendance à s’isoler avec la personne aidée. La situation peut être aggravée en cas de tension au sein de la famille. L’épuisement les guette et celui-ci va entraîner, parfois brutalement, une interruption de l’aide à domicile avec une hospitalisation et une entrée précipitée de la personne aidée en institution. Cette situation est vécue avec beaucoup de culpabilité.
Etes-vous l’aidant d’un de vos proches ? Comment vivez-vous cette situation ? Pour y faire face, il faut d’abord se reconnaître comme aidant, accepter ses limites, accepter de se faire aider par des professionnels et de recourir à des structures d’aide, comme les plate-formes de répit, les accueils de jour, les formules d’hébergement temporaire…. (informations auprès des CCAS, des CLIC ou des mutuelles). Il s’agit aussi de veiller à sa propre santé, ne pas s’éloigner des ressources de prévention santé, comme les ateliers de prévention santé, d’activité physique, de nutrition ou de détente-relaxation.
Le proche que vous aidez avec dévouement et amour, a besoin de vous en bonne forme et votre bien-être contribuera au sien.
Dr Denise Strubel